Journal de bord,  Piste cyclable

Demi-tour de France (partie 3)

Partie 2 ici !

Mon demi-tour de France : du Tunnel de Malpas à Feugarolles

Jour 14 : Dimanche 29 juillet 2018 : Tunnel de Malpas – Trèbes 89 km

Aujourd’hui, j’ai fait tant de rencontres, merci Eliot.

Ce matin.

Après avoir poussé Eliot pour monter. Je suis essoufflée. Un jeune homme et son père entament la discussion. Ils sont eux aussi à vélo. Nous échangeons un petit moment, puis le fils me lance : « En fait, t’es une guerrière. »

Plus loin.

Devant moi, un homme marche dans ma direction. Je m’arrête à sa hauteur, étonnée par son compagnon de route. L’homme est alsacien et rentre chez lui avec Pimpon, après leur pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle. Pimpon est un âne porteur. Ensemble, ils marchent entre 10 et 15 km par jour et ce matin, ils n’ont plus d’eau. Je leur donne à boire puis continue ma route.

La long du canal.

La capitaine d’un bateau de location est un peu débordé et stressé. C’est son deuxième jour de navigation. Il vient d’amarrer son bateau le long de la piste cyclable mais ses cordes gênent le passage des vélos. Il court d’une corde à l’autre pour les soulever et faire passer les vélos. « Le stress, ce n’est pas bon, me confie-t-il. » Cela crée des tensions entre lui et ses petits mousses. De plus, ils se préparent à passer leur première écluse et le capitaine n’est pas très rassuré.

A la descente d’un pont.

Je tenais Eliot à la main, lorsque cinq cyclistes en promenade m’interrogent sur Eliot et mon voyage. Ils habitent Besançon et sont impressionnés par mon périple. Ils me conseillent sur la route à venir et s’inquiètent des capacités d’Eliot à se frayer un chemin le long du canal. Je leur fais une démonstration de démarrage et repars sous leurs encouragements.

Petite piste le long du canal.

A Trèbes.

Je traverse le camping à la recherche de mon emplacement. Sacha, un petit garçon de peut-être 9 ans, me suit discrètement.

Lorsque je commence à décharger Eliot, Sacha se poste devant mon emplacement pour regarder ma monture. « Tu peux t’approcher si tu veux, lui dis-je. » Il n’hésite pas. « Si tu veux, je peux te faire essayer lorsque j’aurai enlevé tous les bagages. » Il acquiesce, pose son vélo et le voilà assis sur Eliot. Il touche juste les pédales. Je le pousse le long du chemin pour le faire profiter d’Eliot. Sacha est aux anges, moi aussi.

Jour 15 : Lundi 30 juillet 2018 : Trèbes – Avignonet Lauragais 80 km

Je roule doucement mais surement, sous le soleil de plomb. Les arbres, enfin ! L’ombre se fait rare sur les bords du canal.

Je m’arrête en haut d’un pont pour essayer de voir au loin l’ombre tant recherchée. Marc, un Catalan et non espagnol (il me l’a précissé à multiples reprises), 30 ans et professeur de sport, s’arrête à ma hauteur. Il me parle mais je ne comprends pas tout. Nous avançons au même rythme, enfin, il se met à rouler au même rythme que moi. Nous échangeons quelques mots.

Enfin de l’ombre ! Nous partageons le pique-nique puis décidons de continuer ensemble.

Nous passons faire les courses pour le repas du soir et direction le camping. Marc nous cuisine une bonne salade de pâtes, un régal.

Jour 16 : Mardi 31 juillet 2018 : Avignonet – Toulouse 58 km

Tartelette pour les 1000 km !

Nouvelle journée de route. Marc me dit « au revoir » et file telle une fusée.

Les coups de pédales s’enchaînent et je médite sur ma vie, sur ce qu’elle est et sur le chemin que je veux prendre : réaliser mes rêves.

Aujourd’hui, c’est jour de fête ! Je fête mes 1000 km parcourus ! Je ne réalise pas vraiment mais je me dis que 1000 km c’est bien pour faire une fête.

1000 km, qu’est-ce que c’est au final ? Quelques jours à pédaler, à profiter de l’instant présent, c’est vivre sa vie à son rythme.

Après des échanges autour d’un verre, Claude est venu essayer Eliot. Cela n’a pas été concluant. Mais finalement lui et Anne m’ont invité à leur table. Une super soirée pour mes 1000 km.

Jour 17 : Mercredi 1er août 2018 : Toulouse – Boudou 73 km

60 km prévus pour la journée, je pars tranquillement après avoir acheté mon repas de midi.

Pause déjeuner le long du canal. Je prends mon temps, ce soir, je vais au camping de Moissac.

Je roule, croisse plusieurs vélos couchés, essaye de rattraper un tricycle couché mais il disparait rapidement.

Soudain, le long de la piste je vois Vanessa qui appelle son chien. C’est son premier voyage, vélo tout équipé, cage pour le chien sur le porte bagage et remorque à l’arrière. Vanessa est bien chargée. Nous discutons. Quelque chose m’intrigue chez elle. Elle voyage zéro déchet, je suis curieuse. Je lui laisse mes coordonnées, j’espère qu’elle m’écrira.

Petit conseil : ne jamais planter sa tente sous un lampadaire !

En discutant avec Vanessa, un autre cycliste se joint à notre conversation. Je repars en sa compagnie. C’est un grand voyageur, il passe en un à trois mois chaque année à sillonner la France à vélo. Nous discutons.

Je loupe la sortie de la piste cyclable pour le camping. Je n’ai pas envie de faire demi-tour. Jean-Claude me propose que l’on bivouaque ensemble.

Je trouve cela génial, cela sera pour moi l’occasion d’en apprendre plus sur le camping sauvage.

Repas au réchaud, douche à la gourde et astuces pour choisir le campement, c’est top.

Règle 1 : emplacement inaccessible en voiture.

Règle 2 : personne ne doit savoir que tu es là.

Règle 3 : se demander qui pourrait venir.

Soirée sous le ciel étoilé, le long de la Garonne, de magnifique étoiles filantes traversent le ciel.

Le rêve.

Jour 18 : Jeudi 2 août 2018 : Boudou – Feugarolles 66 km

La suite, demi-tour de France, partie 4.