Journal de bord,  Piste cyclable

La véloscénie – jour 2

Epernon – Le Mont Saint-Michel, à vélo, Toussaint 2019

Jour 2 : Le Gaceau – Ecouves (Alençon), 79 km

Précédemment, la véloscénie – jour 1

8h le réveil sonne.

Nous partageons le petit-déjeuner avec Pauline et Côme. La nuit fut bonne et très réparatrice. Aujourd’hui une belle voie verte nous attend, alors en route. Après 15 km de vélo par de petites routes nous faisons halte à Condé-sur-Huisne pour acheter de quoi manger.

Début de la voie verte à Condé-sur-Huisne.

Cela y est, nous sommes sur la piste cyclable reliant Condé-sur-Huisne aux environs d’Alençon. Quelques kilomètres sur la piste, ma gaine de protection de chaîne sort de nouveau de son emplacement pour se coincer dans le pédalier. Ce n’est pas la première fois depuis le début du voyage alors je décide de faire une réparation de fortune plus évoluée que les fois précédentes. La gaine est cassée par endroit et laisse apparaître la chaîne. Un couteau, du ruban adhésif et hop, la gaine d’Eliot est comme neuve, ou presque. Nous pouvons repartir.

La gaine de chaîne est cassée.

Ma belle réparation ne va pas tenir très longtemps, je perds une vis et de nouveau la chaîne sort de son emplacement. Cette fois la réparation sera sobre. Un bon coup de rouleau adhésif pour maintenir la gaine. Cela tiendra jusqu’à l’arrivée. Les kilomètres avancent doucement.

Nous roulions à notre rythme lorsque nous sommes arrivées face à ce panneau. Notre dilemme était entier. Que faire ? Est-ce que la voie verte est vraiment impraticable ? Est-ce que le détour vaut le coup ? Qu’y a-t-il sur la voie pour indiquer la déviation ?

Déviation sur la voie verte.

Nous observons la carte, la déviation paraît longue. Nous optons pour la voie verte, nous verrons bien. Et si vraiment c’est impraticable, nous ferons demi-tour pour prendre la déviation.

Le sol se dégrade rapidement, nous descendons de vélo pour pousser car les cailloux nous empêchent de rouler. Si ce n’est que cela, nous prendrons plus de temps mais nous y arriverons. Mais, au détour d’un virage, la tête dans le guidon et attentive aux cailloux sur le sol, je ne vois pas tout de suite l’arbre en travers du chemin. Nous le regardons, sceptiques. Que doit-on faire ? Doit-on faire demi-tour ? Faut-il passer par-dessus ?

Je pars observer le chemin de l’autre côté de l’arbre. La voie est toujours dégradée mais elle paraît s’améliorer au loin. Nous décidons de passer les vélos par dessus l’arbre. Nous défaisons toutes les sacoches, passons les sacoches de l’autre côté, puis un vélo et deux vélos, nous y sommes.

Eliot passe au-dessus de l’arbre.

Nous avons bien fait, quelques mètres plus loin, la voie redevient praticable. Nous remontons sur les vélos, contentes de notre choix.

Le camping que nous visons ne paraît jamais se rapprocher. L’inquiétude, de ma mère, de rouler de nuit lui redonne force et motivation. Je me glisse dans sa roue et me laisse entraîner par son énergie.  Mais les choses se compliquent, les montées jouent sur son moral et soudain c’est la crevaison. 

Je me glisse dans sa roue et me laisse entraîner par son énergie.

Il est 19h et à la lumière tombante nous changeons la chambre à air. Quand nous repartons le ciel est en feu. Bleu, violet, rose, orange, rouge, il y a tant de beauté dans ce paysage. C’est simplement magnifique. J’essaie de faire une photo mais les couleurs sur l’appareil ne sont pas représentatives de la réalité. Je ne cesse de regarder ce ciel à travers les arbres.

La nuit tombe…

Sur la voie verte, aucun éclairage n’est présent. Seule ma lumière avant éclaire notre route. Soudain, un chien de petite taille, vif et énergique se glisse devant nous. Notre vision nocturne étant limité, nous ne le voyons qu’au dernier moment. Ouf, plus de peur que de mal, nous évitons le chien et continuons bravement notre route dans le noir.

Nous avons fait 75 km et l’arrivée est encore loin. Pour essayer d’aller plus vite et de soulager ma mère qui n’en peut plus, je prends une de ces sacoches et l’accroche comme je peux sur Eliot. Mon vélo tangue, le poids est très mal reparti avec cette nouvelle sacoche, mais tant pis, nous avançons, c’est le principal. 

Nous finissons par quitter la voie verte au niveau de Semallé. Je lance le GPS, encore 8km pour arriver au camping. C’est la douche froide, nous pensions être presque arrivées. A la sortie de Semallé, la route est une départementale non éclairée où les voitures roulent à vive allure. Ma mère me dit qu’elle en a mare, qu’elle est épuisée et qu’elle ne fera pas un pas de plus sur cette route. 

« J’ai réservé le camping, ils nous attendent. » Essayais-je de la convaincre en vain.

Je savais bien que nous ne pouvions pas faire les 8 km restant. Plusieurs fois dans la journée j’avais tenu informé le camping de notre avancement, de nos galères et crevaison. De nouveau j’appelle le camping et leur explique notre situation.

« Nous avons encore 8 km à faire mais avec la nuit, nous ne voyons pas grand chose. Nous sommes épuisées, est ce qu’il est possible que vous veniez nous chercher s’il vous plaît ? «  Le gérant et sa femme sont des personnes formidables, ils sont venus nous chercher devant l’église de Sémallé. Nous avons démonté le siège d’Eliot et la roue avant du vélo de ma mère pour les mettre dans la voiture. Un énorme merci à eux.

Après notre sauvetage, nous avons dormi dans le gîte à côté du camping. Nos voisins de chambre sont passés nous saluer après avoir avoir appris nos mésaventures de la journée. Ils nous ont offert du fromage, un régal pour finir notre repas. Merci.

Nous avons fini par nous endormir, heureuses d’être arrivées, heureuses d’être dans un bon lit au chaud, heureuses de notre journée et admiratives devant l’entraide qui existe entre les êtres humains.

Merci à nos sauveurs. Vous pouvez retrouvez toutes les informations de leur gîte et de leur camping ici : Gîte et camping d’Ecouves ou sur leur page Facebook.

La suite de nos aventures.