Journal de bord,  Piste cyclable

La véloscénie – jour 3

Epernon – Le Mont Saint-Michel, à vélo, Toussaint 2019

Jour 3 : Ecouves (Alençon) – Bagnoles de l’Orne, 50 km

Précédemment, la véloscénie – jour 2

Nouvelle journée, objectif Perrou un petit village à 70 km.

Nos vélos ont dormi dans le coffre de la voiture de nos sauveurs la nuit dernière (si vous avez manqué cela, c’est par ici). Nous les sortons et remontons le siège et la roue avant.

Remontage du siège d’Eliot.

Il est un peu plus de 9h, lorsque nous quittons le camping d’Ecouves pour retrouver la Véloscénie à quelques kilomètres de là.

Après une bonne nuit au chaud et un petit déjeuner pris sur une grande table, nous avançons tranquillement. Après avoir quitté la grande route à la sortie du camping, nous voilà sur de petites routes où je prends le temps de faire quelques photos.

L’église de La Roche-Mabile.

Nous faisons une pause à La Roche-Mabile, l’église nous observe manger quelques fruits secs. « Combien avons-nous de kilomètres prévus aujourd’hui ? me demande soudain ma mère. – Je ne sais pas trop, 70 km, je crois… » Je crains sa réaction à cause de nos mésaventures d’hier.

« 70 km ! Mais Camille, nous allons ENCORE rouler de nuit ! Je ne veux pas rouler de nuit ! – Nous n’en savons rien pour le moment, essayais-je de la convaincre. » Au fond de moi, je sais très bien que ma mère a raison, mais pour le moment c’est notre plan, alors nous avançons.

70 KILOMÈTRES & ROULER DE NUIT, voilà les deux gros dilemmes de notre journée. Comment allons-nous faire ?

L’inquiétude de ma mère est telle que la vie, nous pousse droit face à cet obstacle. « Camille, j’ai crevé ! De l’arrière cette fois, entendis-je ma mère derrière moi. »

La crevaison n’est pas franche, la chambre à air fuite. Dans un premier temps, nous repompons pour vérifier. Un kilomètre plus loin, le pneu est de nouveau dégonflé. Nous regonflons… Le pneu est de nouveau à plat. Nous n’avons plus le choix, nous décidons de changer la chambre à air. Nous nous installons confortablement le long de la route à l’entrée d’un champ.

Nous déchargeons les sacoches, sortons le matériel de réparation et notre dernière chambre à air. Moment solennel où l’on espère en silence que nous n’aurons plus besoin de chambre à air.

Je place l’outil sur l’écrou de la roue arrière. Je tire. Rien. Je me suis peut-être trompée de sens (oui cela m’arrive parfois entre visser et dévisser, pas simple). Je recommence. Rien. Je ne suis peut-être pas bien positionnée. Je m’assois confortablement, je place le pied sur la pédale pour une meilleure force dans le mouvement. Ma mère tient le vélo. Rien. Je recommence.

Rien, rien et rien ! L’écrou ne bouche pas d’un millimètre !

Ma mère essaie à son tour. Rien. Je regarde la carte. La crevaison n’est pas franche, nous pouvons donc regonfler dès que cela sera nécessaire en attendant la prochaine ville à … 7 km. Dans notre malheur, nous sommes rassurées, un réparateur à vélo est présent dans la prochaine ville nommée Carrouges. Nous pourrons donc réparer et acheter en même temps une nouvelle chambre à air pour finir notre voyage en toute tranquillité.

De toutes mes forces ! Mais rien.

En 7 km, je n’ai pas compté le nombre de fois où nous nous sommes arrêtées pour gonfler le pneu. Je pense que nous avons fini par le regonfler tous les 500 mètres.

Enfin Carrouges ! Au loin, je vois la factrice, je fonce. « Bonjour, pouvez-vous m’indiquer où se trouve le réparateur de vélos s’il vous plait ? – Oh, mais il n’y en a pas ici, le plus proche est à 20 km. » Le monde me tombe sur la tête. 20 km, impossible pour nous. Je lui explique notre problème. Elle nous conseille de demander à un homme en ville.

Je regarde plus précisément le guide de voyage, en effet, le symbole que je prenais pour un réparateur était en fait un loueur de vélo. Il est 14h, nous nous posons sur la place du marché. Le marché est terminé et le cantonnier enlève les barrières. Il s’adresse à ma mère pendant que je discute avec la boulangère.

Après avoir rangé sa dernière barrière, le cantonnier revient nous aider. Il place l’outil et force. Il force, force et FORCE. L’écrou se dévisse, nous sommes soulagées.

Nous pouvons enfin changer la chambre à air ! Une cycliste passe. Nous continuons notre réparation. La cycliste revient. « Avez-vous besoin d’aide ? » Nous lui expliquons notre aventure et elle nous dit qu’elle ne sait pas changer de chambre à air. « Est-ce que je peux regarder pour savoir comment faire si cela m’arrive ? – Bien sûr. »

Nous commençons à discuter, elle va elle aussi au Mont Saint-Michel. Nous lui parlons de nos crevaisons et de notre dernière chambre à air. Elle nous dit que ce soir, elle a réservé un hôtel à Bagnoles-de-l’Orne.

Il est 15h, lorsque nous finissons de remettre la roue sur le vélo. Une heure de dur labeur, mais nous sommes heureuses. Nous allons pouvoir manger sereinement. Notre camarade nous offre une chambre à air. Quelle belle coïncidence, elle a elle aussi des chambres à air de 28″ pour son vélo. Et dans ses sacoches, elle a trois chambres à air pour les deux jours de voyage qu’il lui reste. Nous la remercions. Quel soulagement ! Un grand merci.

Je suis rassurée. Nous n’avons plus à craindre une prochaine crevaison.

Le château de Carrouges /La chapelle de Lignières-Orgères /L’église de Saint-Patrice-du-Désert

16 heure, nous repartons…

Pendant notre repas, nous avons revu notre lieu d’arrivée du soir. Bagnoles-de-l’Orne sera notre point de chute. Une vingtaine de kilomètres à faire.

Nous avançons beaucoup plus vite que ce matin, plus besoin de regonfler la roue. Nous sommes plutôt silencieuses. J’espère arriver avant 19h au camping pour faire l’enregistrement, cela nous permettra de partir de bonne heure demain.

La forêt des Andaines nous encourage. Les couleurs d’automne sont partout. Tranquillement, Bagnoles-de-l’Orne se présente devant nous. Nous suivons le GPS, jusqu’au camping. La ville est belle, pistes cyclables le long des routes, ville thermale. Les hôtels sont plus beaux les uns que les autres le long de la route.

19 heure pétante ! J’entre à l’accueil du camping. Demain, nous pourrons partir de bonne heure. La nuit est en train de tomber. Nous montons la tente. Je fais la cuisine dans le noir. Nous mangeons, immobiles et invisibles dans l’obscurité. Je m’endors rapidement au chaud dans mon duvet. Bonne nuit.

Cuisine extérieure.

La suite la semaine prochaine.