À vélo jusqu’à Cologne (partie 1)
Pourquoi limiter notre liberté aux frontières de notre pays ? La peur d’être incomprise, de ne pas parler la langue du pays. Je crois que c’était ce qui m’inquiétait le plus. Et puis, j’avais tellement envie de revoir Cologne, d’aller plus loin que nos frontières, de dépasser mes peurs, d’aller vers l’inconnu, de repousser mes limites et de sortir de ma zone de confort.
Animée par mes envies de voyages, moins d’une semaine avant le départ, je traçais l’itinéraire. Il était prévu depuis plusieurs mois qu’Eliot rejoigne Dole pour être prêt pour le départ de notre multi-rêve en mars 2021. Il était donc naturel que je l’emmène, ou devrais-je plutôt dire, qu’Eliot m’emmène à Dole. Mais pourquoi faire un trajet direct lorsqu’on peut faire des détours ?
Alors objectif Cologne en Allemagne, et pour cela nous commençons par pédaler vers le nord, direction la Belgique.
Je vais vous conter ici mon aventure de trois semaines à travers la France, la Belgique et l’Allemagne.
Les Hauts-de-France
Jour 1 : Beauvais – Ourscamp 91 km (camping)
Bresles (Oise) – 12
Eliot est chargé. Je l’ai poussé pendant 400 mètres pour commencer le voyage par une descente. Je n’étais plus sûre de savoir manœuvrer, de savoir le conduire.
Finalement, cela ne se perd pas. Je roule à travers la ville pour rejoindre la piste cyclable à sa sortie.
Le trajet m’est familier, je l’emprunte souvent.
Eliot est toujours aussi confortable et pédaler me comble de joie.
Le voyage peut commencer.
Agnetz (Oise) – 27
Me voilà sur la ligne de départ des découvertes. Je n’ai jamais été plus loin qu’Agnetz pour le moment. L’inquiétude mêlée à l’excitation me trouble. Je fais une pause goûter.
Une longue pause, je n’ose pas m’élancer vers l’inconnu.
Je respire un grand coup et me voilà partie. Je quitte Agnetz. Je m’élance vers le monde.
Breuil-le-Sec (Oise) – 30
Je passe à travers les étangs, c’est silencieux. L’endroit est désert. Je demande ma route à un enfant. Il me confirme que son papi a pris ce chemin hier, à pied. Je m’élance au milieu des arbres, entre les rivières.
Mais qui dit cour d’eau, dit pont et ce pont là se dresse devant moi. Il comporte quelques marches, deux marches de trop.
Grande hésitation, dois-je décharger Eliot ou bien le porter pour traverser ? Je décide finalement de porter Eliot et je passe le pont presque sans effort.
Ourscamp (Oise) – 91
Le camping de la montagne porte bien son nom. Je me dépêche de faire à manger, la fraîcheur du soir s’installe doucement.
Jour 2 : Ourscamp – Guise 77 km (camping)
Ourscamp (Oise), Abbaye – 93
Ma deuxième journée de voyage commence, le ciel est toujours aussi bleu et promet de belles chaleurs.
Devant moi se dresse les grilles de l’abbaye d’Ourscamp. À moitié cachée dernière une allée d’arbres, je la devine, imposante, calme, sereine.
Je reste là quelques minutes à profiter de la sérénité qui se dégage des lieux.
Je reprends ma route, l’eurovélo 3 me montre le chemin.
Chauny (Aisne) – 117
Je m’arrête acheter du pain pour le pique-nique. Il fait chaud trop chaud.
J’observe les cygnes à la sortie de la ville. Leur présence contraste avec l’usine en fond.
Je me dis que mon voyage est sous de bons signes.
Ternier (Aisne) – 126
Je suis depuis plusieurs kilomètre le canal de la Sambre à l’Oise. J’alterne entre la rive droite et la rive gauche, entre soleil et ombre. Ce canal me rappelle celui du Doubs, j’ai l’impression d’être à la maison.
Thenelles (Aisne) – 151
Je vois l’église au loin, en haut. En haut ! Je monte doucement, mais je monte. Eliot est un grimpeur, moi, j’essaie de le suivre, mais je n’y arrive pas toujours. Je fais de mon mieux. Après la photo, je continue ma route en poussant Eliot. Nous ferons mieux lors de la prochaine côte.
Guise (Aisne) – 168
Où es-tu château médiéval de Guise ? Je le cherche du regard. Je l’attend tout en pédalant. Où es-tu ? Soudain, il apparaît, signe que mon arrivée est proche. Je l’observe. Sa haute tour surplombe la vallée. Drapeau français à son sommet, je le sens fier d’être encore debout.
Je plonge dans la ville en contrebas. Je contourne le château qui joue à cache-cache entre les maisons.
Jour 3 : Guise – Hirson 43 km (camping)
Flavigny-le-Grand-et-Beaurain (Aisne) – 172
Il est 11h30 lorsque je quitte le camping de Guise ce matin. En me dirigeant vers la piste cyclable, je me rends compte que celle-ci passe en hauteur, sur des pont que je ne peux atteindre. Dommage, je prends la route. Tranquillement je monte.
Au loin, j’aperçois l’église fortifiée de Beaurain.
Je viens de rejoindre la piste cyclable, il est plus de midi.
Marly-Gomont (Aisne) – 183
J’ai faim, les pistes cyclables sont parfaites pour rouler mais lorsque l’on croisse des villages, c’est vraiment dommage que les commerces ne soient pas indiqués. J’avance sans succès dans ma recherche de nourriture.
Je rattrape un couple Belge et leur fils rencontrer le matin au camping. Nous échangeons quelques mots et je quitte la piste en direction de la grande rue de Marly-Gomont.
L’épicerie est fermée…
Soudain, une boulangerie est indiquée. Je reprends espoir pour le repas. En effet, les sandwichs sont en vente et le pain sens bon.
Je pique-nique en compagnie du couple Belge devant l’église de Marly-Gomont. Nous discutons.
Mon corps est rassasié.
Sorbais (Aisne) – 188
J’ai continué ma route avec le couple Belge, nous échangeons astuces et conseils de vélo. Les kilomètres défilent doucement sous la chaleur étouffante.
Sorbais, la ville me fait rêver d’une glace, mais c’est simplement l’église que nous trouvons.
Je laisse mes nouveaux compagnons de route et repars seule sous la chaleur.
Hirson (Aisne) – 211
Je suis épuisée. Les deux premiers jours du voyage se font sentir. Je fais la sieste sur un banc le long de la piste cyclable. L’ombre des arbres est la bienvenue. Il fait tellement chaud.
Je dormirai bien là. Le camping me parait si loin.
Je me lève et me traine, pédalant au ralenti.
Après 12 km, j’arrive en ville. Je retrouve le macadam et ma vitesse de croisière, j’ai hâte d’arriver, de me poser. La pharmacie indique 38 degrés.
J’arrive enfin au camping d’Hirson, heureuse.
Jour 4 : Hirson – Solre-sur-Sambre (Belgique) – 77 km (welcomtomygarden)
Forêt d’Anor (Nord) – 226
J’ai quitté le camping de bonne heure et rencontré un cycliste très enthousiaste qui m’a accompagné pour me mettre sur la bonne route. Eurovélo 3 me revoilà.
Je file en direction d’Anor et de Trélon en suivant les conseils du cycliste. Je décide de traverser la forêt d’Anor pour éviter quelques détour « inutiles ». Après une grande réflexion face au panneau « forêt privé, chasse d’octobre à fin février », je décide de me lancer. La route est large, un vrai chemin forestier. Malheureusement le chemin diminue pour n’être plus qu’un sentier de trappeur. « Courage Eliot, je sais que tu peux le faire. Je sais que tu passes partout. » J’ai foi en nous. Eliot chute à deux reprises, mais nous repartons bien décidé à traverser cette forêt.
Enfin un chemin forestier croise notre route. J’approuve le détour, nous sortons de la forêt par la route forestière. Quelques centaines de mètres avant de rejoindre la grande route, deux magnifiques biches passent devant nous.
Ce spectacle valait bien les deux chutes d’Eliot.
Trélon (Nord) – 231
Cela fait 20 km que je me bats pour rejoindre la piste cyclable.
Je déguste un bon pain Suisse de la boulangerie et c’est reparti. Motivée et confiante, la piste n’est plus très loin. Quelle plaisir de se glisser dessus pour se laisser porter.
La voie verte de l’Avesnois (Nord) – 261
C’est l’heure de la pause déjeuner. J’aime faire plus de la moitié du trajet journalier avant de manger, même si pour cela je dois prendre mon pique-nique à 14h.
Maubeuge (Nord) – 265
Je fuis la ville de Maubeuge. Je ne me sens pas en sécurité. Je file le long de la Sambre que je trouve difficilement. Je pédale le plus vite possible. Je ne suis pas sereine.
Boussois (Nord) – 273
Premier panneau indiquant la Belgique ! J’ai hâte de passer la frontière. J’ai hâte de découvrir un autre monde.
Belgique – 280
Cela y est, viens d’atteindre la Belgique. Pour la première fois je foule un sol étranger en compagnie d’Eliot. C’est un grand pas dans notre aventure. Le début d’un voyage à l’extérieur de la France. Le début d’un monde encore plus grand à découvrir, à parcourir.
Solre-sur-Sambre (Hainaut) – 287
Dès le passage de la frontière, l’ambiance change. J’ai quitté l’ambiance lourde et pesante du Nord pour découvrir l’accueil chaleureux des Belges. À peine avais-je passé la frontière que l’on me proposa par deux fois des jardins pour planter ma tente.
Ce soir, je dors dans un jardin grâce au site welcomtomygarden.
Je fête mon arrivée en Belgique.
La suite arrive bientôt.
Et si vous souhaitez voir cette aventure en vidéo, c’est juste en dessous.
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